Armando Auladell    

Incluimos este importante documento testimonial, enviado por Armando Auladell  desde Suráfrica, donde hace años que reside –se trata de uno de los amigos personales de Severo Antonio Ventós Rivasés–, escrito después de la lectura de nuestro monográfico sobre el joven pintor.

   C. Cardona Gamio Ediciones

 

Johannesburg le 15 Janvier 2001

Hace unos días leí en Internet un reportaje sobre la vida de Severin Ventós en la editorial virtual C. CARDONA GAMIO EDICIONES.

Este reportaje me hizo volver y recordar las circunstancias de su muerte. Yo fui testigo presente en el 'accidente', pongo entre comillas ya que fueron una serie de imprudencias que causaron la muerte de Severín. En aquellos días no sabia que fueran imprudencias. Solamente el pasar de los años y la experiencia me demostraron  que sí lo fueron. Si los mismos hechos se volvieran a repetir el resultado no sería el mismo.

En aquellos tiempos mucho se dijo sobre lo sucedido,  hubo mucha fantasía, pero ninguno del grupo presente hizo el menor comentario, ni entre nosotros mismos. Nunca se hablo de los hechos. Por esto les voy a relatar tal como sucedió el accidente, omitiendo nombres. Primeramente porque han pasado casi 30 años, y también por no herir la sensibilidad de los que lo presenciamos.

No me he olvidado del catalán ni del castellano, pero he preferido contar la muerte del Seve en francés* por dos razones. La primera es: actualmente el francés es la lengua en la cuál expreso mejor mis pensamientos y la segunda, es que únicamente la gente verdaderamente interesada va a comprender mi relato.

*Nota editorial: aquí se puede leer la traducción en castellano.


C' était le temps des fêtes à San Cugat et nous avions décidé de profiter de ces jours fériés pour visiter un des nombreux gouffre qu'il y dans les montagnes de Montserrat. Aucun de nous, étions des spéléologues expérimentés. Quelques excursions auparavant, mais pas beaucoup. De plus uniquement un seul membre du groupe était un spéléologue fédéré et appartenait au Club Muntanyes de San Cugat, mais il était très jeune à peine 20 ans.

Nous étions tous poussés par l'envie de connaître ce monde merveilleux des grottes et des gouffres

Le jour des faits a très mal débutés. Nous avions pris du retard, car nous attendions quelqu'un qui n'était pas au point de rendez-vous. Nous étions fatigués par les fêtes, mais nous avions tout le matériel de spéléo dans le coffre des voitures. Nous l'avions emprunté au Club. Nous étions inquiets, énervés et l'un d'entre nous a cassé les bouteilles de boisson que nous avions pour le casse-croûte. Après discussion, nous avons décidé d'effectuer l'excursion quand même. Première erreur.

Nous sommes arrivés à l'esplanade de Can Massana et nous avons commencé  à charger le matériel. Il fallait faire vite car il y avait une heure de trajet à pied pour arriver au refuge et nous avions pris beaucoup de retard. Deuxième erreur

Ce jour là,  il y avait beaucoup de monde qui  visitait les gouffres et cela diminuait le charme.

De plus le matériel était trop lourd pour les quatre que nous étions et nous n'avions rien prévu pour le transporter. Donc, avec tout ce matériel sur les bras, nous avons entrepris le chemin d'environ 1 heure jusqu'au refuge. Nous sommes arrivés, très fatigués, moi du moins je l'étais et je suppose que les autres aussi. Là, nous achetons des bouteilles de limonade et nous mangeons vite fait. Nous écoutions des voix partout dans la montagne. Le temps était splendide mais lourd - des orages étaient prévus pour l'après-midi- on sait que dans ce secteur, ils sont particulièrement violents. Pour la spéléo c'est moins grave, mais on ne sait jamais, il fallait faire vite.

Nous arrivons à l'entrée du gouffre. Il y avait déjà du monde. Un groupe de Barcelone qui était en bas. Une corde est installée,  corde pour rappel et escalier électron. L'installation est bonne et le matériel est de qualité également.

L'endroit est lugubre, très caché  et très sombre dans la montagne. Deux plaques posées en dessous du puits indiquent que des accidents mortels ont eu lieu avant.

D'habitude l'installation de la cordée est un moment de détente et sert pour se décontracter et reposer les bras. On discute la distance, on choisi les meilleurs endroits pour fixer le matériel. Cela n'a pas eu lieu, car nous avons demandé   la permission d'utiliser l'installation qui était là, à la personne qui gardait le matériel du groupe qui était déjà descendu. La permission nous a été donnée. Troisième erreur.

Nous préparons quand même les lampes et nous enfilons les blousons. Seve avait oublié le sien et a décidé de descendre quand même. Il n'avait sur lui qu'une fine chemisette. Quatrième erreur.

Nous voilà prêts! Qui descend le premier? Seve se porta volontaire. Je n'ai pas insisté, car j'avais mal au bras suite au transport du matériel.

Nous nous assurons? Non. Pour descendre en rappel, la corde d'assurance est très gênante, et l'on s'en sert rarement. En plus pour s'assurer, il fallait que l'un de nous reste à l'extérieur et nous voulions tous descendre. Cinquième et grave erreur.

Malgré le temps écoulé, je vois encore Seve descendre. Nos regards se sont rencontrés,  avant qu'e Seve disparaissent dans le puits. Je ne sais pas pourquoi, je lui ai fait un signe d'adieu avec la main. Je ne savais pas que c'était la dernière fois que je le voyais en vie.

J'étais le plus âgé du groupe, à ce moment là, j'aurais du tout arrêter. Trop de choses n'allaient pas. J'aurais du dire ''stop on rentre''. Je ne l'ai pas fait. Je ne doutais pas des conséquences.

Après quelques instants, des lamentations commencent à sortir du puits : ''je ne brûle l'épaule''. la corde en passant sur son épaule avait transpercé le T-shirt et elle frottait sur sa peau. Il était descendu trop vite les premiers mètres.'' Descend plus doucement'' lui avons nous crié, ''carapas, je continue de me brûler''. La corde lui avait entamé la peau.

 ''Passe à l'électron'' lui avons nous conseillé. Nous écoutions le bruit du matériel à l'intérieur du puits. ''Je ne tiens pas'!''.

Mon dieu!! Il n'est pas assuré. Nous préparons en vitesse une corde d'assurance, pour le gars spéléo plus expérimenté et il descend par l'électron. nous l'assurons d'en haut, nous n'avons pas le temps pour accrocher la corde.

Des cris à l'intérieur. Je me suis penché sur le bord du gouffre. D'abord, je ne vois rien. Lorsque ,es yeux se sont habitués à l'obscurité. l'horreur. Seve, les deux bras tendus, s'accrochait à l'électron uniquement avec ses mains. Les pieds, posés sur le même côté que se mains étaient plus hauts que son corps. Il était perché à l'envers. ''Je ne résiste plus''.

Seve, n'était pas habitué au travail manuel dur. Il n'avait pas la force d'un ouvrier par exemple.

Peu à peu, il a lâché prise. La corde de rappel accrochée encore à lui, l'a retenu quelques instants. Le copain qui descendait, ne le faisait pas assez vite. Nous   retenions Seve par la corde d'assurance. Le copain est presque arrivé jusqu'à lui, mais à ce moment là, Seve est descendu à toute vitesse et il est rentré dans le noir. Un choc sinistre qu fond du gouffre, pas un cri.

Entre temps, le groupe qui était au fond, rebroussa chemin, Seve c'est écrasé à leur pieds. La tête la première. Le casque n'a pas résisté. Pas un cri. Le copain est descendu jusqu'au fond.

Moi d'en haut, je ne voyais rien. Ils étaient dans le noir.

Des minutes interminables. Nous nous regardons avec mon frères, sans dire un mot.

Tout à coup un  cri venant du fond du puits ''il es mort''.

Encore maintenant, j'en ai la chair de poule. Tout d'un coup je sens un froid sortir du gouffre. Quelque chose d'invisible m'a frotté. Je fais le signe de la croix et je dis une prière ''notre père qui êtes aux cieux…'' J'ignore pourquoi, à l'époque je n'étais pas très croyant, c'était la mode, mais j'ai fini ma prière en silence.

Le copain qui était remonté, nous a confirmé sa mort.

Nous sommes anéantis, paralysés. J'avais l'impression d'être dans un mauvais rêve.

Je pense à se parents, fils unique. Il faut les prévenir. J'étais le plus âgé du groupe, c'était à moi de le faire. Mon frère ne pouvait pas.  Du refuge, ils ont appelé par radio le monastère. Un groupe de secours était de service. Ce jour là, c'était au tour du Club Montanyes de San Cugat. Celui qui a répondu connaissait Seve. Dans ma tête toujours la même pensée, il faut prévenir ses parents. J'ai fait le chemin de retour. J'ai croisé le groupe de secours. Ils ne m'ont pas posé de questions, uniquement le nom du gouffre, car dans ce secteur, il y en plusieurs. Je ne souviens pas combien ils étaient, les uns connus de San Cugat, d'autre non, sûrement des frères du Monastère, tous habillés pour l'escalade.

Je suis arrivé à la voiture et je suis allé jusqu'au village. Dans le premier bar, je me suis arrêté et j'ai demandé à utiliser le téléphone. J'ai du dire pourquoi.

J'ai eu une de ses tantes à l'appareil, ils étaient à table, j'ai regardé l'heure 3 heures de l'après-midi. ''Que se passe-t-il ?'', il faut que vous veniez. Je vous attends sur l'esplanade de Can Massana. '' Mais que se passe-t-il ? raconte" sa tante insiste, ''venez vite!'' j'ai répondu, rien de plus.

Je me souviens que dans le bar un grand silence c'était fait. La nouvelle c'était déjà répandue. Un groupe d'alpinistes venait d'arriver. ce bar était un lieu de rencontre des gens de la montagne. Tous parlaient de l'accident mortel qui venait d'avoir lieu. Je suis retourné à l'esplanade de Can Massana et j'ai attendu.

Je n'arrivais pas à définir ce qui se passait dans ma tête pendant l'attente. j'étais anéanti. Comment allais-je annoncer la nouvelle aux parents ? Comment allaient-ils réagir ? Leur fils unique; moi, le plus âgé du groupe, ils m'avaient fait confiance.

Enfin sa mère et sa tante sont arrivées. ''Où est Severin ?''. '' là bas dans la montagne''. Pendant ce temps, un des frères du monastère était de retour du gouffre. Je l'ai supplié de donner la mauvaise nouvelle à sa mère. Sa tante à voulu venir avec moi jusqu'au lieu de l'accident. je lui ai conseillé de ne pas venir. Elle m'a accompagné un bout de chemin, mais bien qu'habituée à la montagne au bout d'un moment elle à désistée, elle n'avait pas de chaussures adéquates pour ce mauvais chemin.

Lorsque je suis arrivé, ils avaient remonté Seve du gouffre. La remontée n'avait pas été facile m'a raconté mon frère.

La civière pliée contenait le corps de Seve. Elle ne le cachait pas entièrement. La chute avait été brutale. D'où Seve était tombé, il était environ à la moitié de la descente, peut-être 12 mètres. La seule chose que je me suis dite est ''comment 12m peuvent-ils faire autant de dégâts.

Je me suis accroché à la civière. Je voulais participer au transport. Le chemin était difficile. Je me souviens que quelqu'un a voulu me remplacer et je n'ai pas accepté. C'était ma responsabilité. La tête de Seve était tout près de mes yeux. Je ne sais d'où j'ai sorti le forces. A la fin je n'en pouvais plus. Je n'ai pas tenu le coup jusqu'à Can Massana. Quelqu'un m'a remplacé peu avant arriver. Je n'aurai pas du laisser la place, mais je n'en pouvait plus.

L'ambulance du Monastère attendait sur l'esplanade. j'ai vu sa mère, elle m'a parlé.

"Pourquoi lui ?".

je n'ai pas répondu. Ses parents m'avaient fait confiance. Ils savaient qu'avec nous il ne craignaient rien. Nous étions jeunes mais responsables.

Trente ans se sont écoulés depuis ces événements, mais ils sont toujours présents à ma mémoire comme s'ils venaient de se produire à l'instant. ce récit de fait m'a soulagé.

Ma vie a beaucoup changé depuis. J'ai vu les choses différemment. La mort de Seve m'a beaucoup marqué.

J'ai appris surtout une chose : le plus terrible dans la vie, c'est lorsque un mère voit partir ses enfants avant elle.

Armando Auladell

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